Pélagie Gbaguidi

Echo museum – le corps archive
Pélagie Gbaguidi (Belgique/Bénin)
2019

Echo museum – le corps archive est une démarche expérimentale et inclusive conçue comme un réceptacle matériel et immatériel de conversations, échanges, récits de vie et partages de savoirs recueillis lors d’une résidence effectuée par Pélagie Gbaguidi à Lubumbashi en 2019. Cette expérience vécue comme une cartographie située, entend être le terreau d’une réflexion sur les problématiques débattues durant les rencontres faites lors de son séjour. Dans l’installation Zone de tissage sont notamment conviés, masques, objets divers, textiles anti-pollution conçus avec la designer textile lushoise Nila, lunettes, toiles et broderies notamment, qui constituent autant de supports destinés à entrer en résonnances avec des situations sensibles et locales dont celle de l’urgence d’entamer une écologie décoloniale. Dans un contexte de pollution environnementale et métaphorique, de traumas inscrits dans les corps et de mobilisation de stratégies de survie, Gbaguidi a tenté de donner forme humaine à divers tragédies qui l’ont affectée. Udji Kinge est une vidéo relative à des performances menées dans des carrières de minerais, destinées à révéler des espaces psychologiques affectés par des problématiques à caractère social et politique.

Pélagie Gbaguidi (°1965, Bénin) vit et travaille à Bruxelles. Gbaguidi se définit comme un griot contemporain. Au sens poétique, le « griot » remet en question l’individu dans sa propre trajectoire car il absorbe la parole des anciens, la remodule comme une boule de graisse qu’il vient déposer dans le ventre du passant, avec les ingrédients de son époque. En pratique: «casser le rythme du quotidien et y intégrer sa part d’éternité». Son oeuvre est une anthologie de signes et de traces sur le trauma. Elle en fait un de ces sujets récurrents, comme en témoigne l’acquisition récente de 100 dessins de la série Code noir au Mémorial Acte en Guadeloupe. Le travail sur les archives coloniales et postcoloniales, la mise en lumière du processus de l’oubli, sont autant de réflexions menées au crayon et au pinceau. Ce réajustement de l’imaginaire suscite chez l’artiste une urgence de mettre en forme, une écriture d’images libératrices et un corpus où puiser des formes contemporaines.

Pélagie Gbaguidi a participé à de nombreuses expositions internationales telles que la Biennale de Dakar (2004, 2006, 2008, 2014, 2018), « Asyl Stadtmuseum », Stadtmuseum, Munich en 2013, « Divine Comedy: Heaven, Hell, Purgatory Revisited by Contemporary African Artists », MMK Museum für Moderne Kunst, Frankfurt en 2014 et au National Museum of African Art – Smithsonian Institution, Washington en 2015, « El iris de Lucy », Musac, Castilla y León, « L’iris de Lucy », Musée Rouchechouart, « El iris de Lucy » CAAM en 2017, « Afriques Capitales » Gare de Saint Sauveur, Lille en 2017, « La Beauté de la Différence » Palais de Lieberose, Brandeburg en 2017.

Plus récemment, elle a participé à la dernière documenta 14 à Athènes et Kassel et a contribué au livre « Why Are We ‘Artists’? » 100 Manifestes artistiques mondiaux de Jessica Lack. En octobre 2018, elle a reçu une bourse de la Fondation Civitella Ranieri. En 2019, elle participe aux expositions « Décoloniser le corps » à la galerie Eternal Network à Tours et « Multiples transmissions: L’art à l’ère Afropolitaine » au WIELS à Bruxelles.

La participation de Pélague Gbaguidi à la biennale est soutenue par Flanders State of the Arts et Wallonie-Bruxelles International.

www.pelagiegbaguidi.com

© Marco Giugliarelli Civitella Ranieri, 2018