Le Fou Postcolonial Insane
Guy Woueté (Belgique/Cameroun)
2019
RDC, terre de jouvence pour certains, cimetière des rêves pour d’autres. Un phénomène antinomique qui selon Guy Woueté, rend fou. Mais que signifie la folie dans le contexte postcolonial de l’Afrique d’aujourd’hui? Sans prise en charge clinique, abandonnés à leur sort, bourreaux et victimes de leur environnement, les fous conviés par l’artiste chantent l’indépendance et la liberté. En partant d’une série d’actions performatives menées à Lubumbashi mettant en abîme corps, voix et objets, Woueté a produit des photos et vidéos. Les mots et les sons audibles dans ces dernières sont issus de la vie quotidienne et sont incarnés par des performeurs dans des espaces publics lushois. A travers eux, Guy Woueté recherche un corps-à-corps avec la ville et les vies dans la sphère publique, dont le potentiel lui permet d’aborder l’espace politique du non-dit concernant les folies humaines. La vibrante énergie tapie dans la résilience des êtres au quotidien, constitue sa fenêtre sur la réalité locale. Le Fou Postcolonial Insane propose une fantasmagorie possible de notre futur englué dans l’état de folie.
À travers le processus d’enregistrement du réel, de collages, de montages et de processus performatifs, Guy Woueté crée des objets et des situations faisant partie d’un réseau de significations multiples. Évoquant l’axe Nord-Sud du monde, ses œuvres ouvrent un récit d’enjeux sociaux et esthétiques. Guy Woueté travaille ici et ailleurs en Europe et en Afrique. À travers les diverses réalités auxquelles il est confronté, il franchit les frontières en établissant un pont entre les espaces, le temps, les histoires et les identités. Il collectionne des moments et des expériences humaines mêlant installations, vidéos, sculptures, photos, collages et livres d’artistes. L’œuvre de Guy Woueté renferme toujours des éléments de critique sociale, des questions de migration et des symboles de domination à l’ère de la mondialisation.
Guy Woueté (°1980, Douala) travaille à Anvers et à Douala. Il a étudié la sculpture et la peinture à Douala et était résident à la Rijksacademie van Beeldende Kunsten à Amsterdam. Il est diplômé de l’Université Paris 8 (2014) et de l’Erg à Bruxelles (2016). Son travail a été montré dans le monde entier, e.a. Addis Foto Fest (2018); Biennales de Dakar (2018) et de La Havane (2009); les Festivals internationaux du film de Toronto (Images, 2013), Montréal (Film Black, 2012), Rotterdam (2010), Kampala (2007); Six vidéos de Guy Woueté, Deutsches Filmmuseum, Francfort-sur-le-Main (2014); Coming People, S.M.A.K. Gent (2018); La génération: plus jeune que Jésus, New Museum, New York (2009).
La participation de Guy Woueté à la biennale est soutenue par Flanders State of the Arts.