Kolwezi
Sammy Baloji (Belgique/République Démocratique du Congo)
2012
Depuis 2004, Sammy Baloji documente l’extraction minière artisanale menée par des entreprises chinoises à Kolwezi, au Katanga. La série Kolwezi, dont une photographie est présentée à la Biennale de Lubumbashi 2019, s’enracine dans le contexte des premières élections démocratiques du Congo en 2006, où l’augmentation de la demande en cuivre et en cobalt, a provoqué un afflux d’investisseurs internationaux au Katanga, dont des sociétés chinoises. L’effondrement du cours de ces deux minerais lors de la crise économique de 2007 a entraîné la chute de la Gécamines, dont la faillite a fait émerger un nouveau mode de travail: l’exploitation artisanale d’anciens sites miniers. Kolwezi propose une exploration de la relation réelle et fantasmée entre Chine et Afrique, en associant des photographies de mineurs dans leurs abris de fortunes et au travail, à des affiches chinoises présentant des paysages urbains ou ruraux idylliques. Le contraste entre fantasme et réalité ne s’avère que plus criant à travers le rapprochement entre les photographies documentaires et ces affiches kitsch très populaires en RDC. Baloji explique intégrer ces derniers à son travail « comme le prolongement utopique d’un futur né de l’exploitation artisanale, de l’exportation des minerais et du déplacement continu des populations. »
Sammy Baloji est né en 1978 à Lubumbashi. Il est titulaire d’une licence de littérature et sciences sociales. Il travaillait en tant que dessinateur quand il entreprit une formation officielle en photographie sous la direction de Simon Mukunday et Marie-Françoise Plissart. Depuis 2005, Baloji explore la mémoire et l’histoire de la République Démocratique du Congo. Son oeuvre est une recherche perpétuelle autour de l’héritage culturel, architectural et industriel de la région du Katanga, ainsi qu’un questionnement des effets de la colonisation belge. Son usage des archives photographiques lui permet de manipuler le temps et l’espace, de façon à comparer les anciens récits coloniaux aux impérialismes économiques contemporains. Sa pratique se déploie telle une seule histoire en boucle, au sein de laquelle les mêmes erreurs, les mêmes injustices et les mêmes traumatismes se répètent autour du monde. Ses vidéos et séries photographiques soulignent la manière dont les identités sont façonnées, transformées, perverties et réinventées. Son regard critique sur les sociétés contemporaines constitue un avertissement sur la façon dont les clichés culturels continuent à construire la mémoire collective, permettant aux jeux de pouvoir sociaux et politiques de dicter les comportements humains.
Baloji a participé aux Rencontres Africaines de la Photographie de Bamako en 2007, la biennale de Lyon en 2015, la biennale de Venise en 2015, au festival Photoquai au Musée du Quai-Branly en 2015, la biennale de Dakar en 2016 et la XIVème édition de Documenta en 2017. Ses oeuvres ont été exposées au Musée Royal d’Afrique Centrale à Tervuren, au Kunstmuseum aan zee à Oostende, à la Tate Modern à Londres, à Africa Center à New York et au Smithsonian National Museum of African Art à Washington DC. Il a reçu plusieurs récompenses, notamment de la Fondation Prince Claus aux Pays-Bas, des Rencontres Africaines de la Photographie de Bamako et de la biennale de Dakar. Il a gagné le prix Rolex Mentor and Protégé Arts Initiative en 2014.
Sammy Baloji est le co-fondateur des Rencontres Picha, qui deviendront la Biennale de Lubumbashi. Il est également l’un des contributeurs du projet de recherche On-Trade-Off, initié par Picha et Enough Room for Space. Sa participation à la biennale est soutenue par Flanders State of the Art et le Complexe La Plage.