Wendy Morris

Tale of Eleven Births
Wendy Morris (Afrique du Sud)
2019

Tale of Eleven Births fait partie d’un projet intitulé Nothing of Importance Occurred mené depuis 2017 par Wendy Morris et centré sur Maaij Claesje, une sage-femme et esclave angolaise du XVIIe siècle qui était également son ancêtre. Sur les onze générations qu’avait pu remonter le père de Wendy Morris lors de la constitution d’un arbre généalogique ascendant, Maaij Claesje était la seule aïeule qu’il n’avait pu identifier. En entamant des recherches à son sujet, Morris a découvert trois archives ayant trait à sa vie. Un premier document faisait allusion à son arrivée au Cap en 1658 à bord d’un navire d’esclaves alors qu’elle était âgée de 12 ans. Le deuxième document datant de 1688 expliquait comment elle avait pu négocier sa liberté en aidant l’épouse d’un fonctionnaire de la Compagnie des Indes orientales à accoucher sur un bateau. Le troisième est un extrait du journal intime d’un responsable néerlandais de la Compagnie des Indes orientales au Cap qui, en date du 31 décembre 1731, indique que rien d’important ne s’est produit ce jour-là et que Maaij Claesje, une vieille esclave, est morte. A travers Tale of Eleven Births, Wendy Morris a recréé son arbre généalogique où chaque tête d’épingle épinglée sur six panneaux recouverts de tissu noir, représente un ascendant de ses lignées paternelles et maternelles. Le fil de lin qui relie les épingles entre elles et matérialise la parenté des individus qu’elles incarnent, forme un entrelacs à la trame de plus en plus serrée à mesure que l’artiste remonte dans le temps. L’objectif de cette dernière était de « retisser » sa lignée, puisqu’un individu déraciné puis réduit en esclavage se voit privé de liens avec ses ancêtres mais également de ceux avec ses enfants qui lui ont été arrachés. L’installation est accompagnée des trois documents d’archive consultés par Wendy Morris et dont elle a brodé un résumé sur un wax, qui comporte également des poches où sont glissées des petits sacs contenant des plantes abortives séchées, en allusion à la pharmacopée à laquelle aurait pu avoir recours Maaij Claesje.

Wendy Morris (°1960) est une artiste sud-africaine vivant en Belgique. Son travail porte sur les bibliothèques (de livres empruntés), les dictionnaires (de mots échangeables pour les femmes voyageuse, et d’oiseaux migrateurs), les lettres (à un vieil arbre) et les journaux intimes  (d’une jeune femme romaine exhumée près de Tongres). Elle compile un traité sur les plantes pour une sage-femme angolaise esclave du 17ème siècle au Cap, et un Travelogue de l’utérus vagabond. Morris est professeur d’art contemporain à l’Université de Louvain, professeur et chercheur à la LUCA School of Arts, Bruxelles, avec le groupe de recherche Deep Histories Fragile Memories, et future participante au Netwerk Aalst, Centre for Contemporary Art.

La participation de Wendy Morris à la biennale est soutenue par Flanders State of the Art.

https://morriswendy.wordpress.com/