Délio Jasse

J’ai le devoir de mémoire
Délio Jasse (Italie/Angola)

2019

A partir de différentes composantes de souvenirs et d’archives appartenant au groupe Forrest et à Jean Raymond Muyumba Maila découverts lors de sa résidence à Lubumbashi en 2019, Délio Jasse a créé de nouvelles images tridimensionnelles. Les timbres, mots, nombres et images superposés aux archives originales, renvoie aux timbres et codes repris dans les documents personnels que possède tout individu, et qui sont souvent le premier paramètre qui le définissent. J’ai le devoir de mémoire  est en quelque sorte conçu comme un document personnel dévoilant les différentes strates qui composent une existence ou un lieu donné, et qui alimente le processus complexe de création de nos identités et mémoires. Délio Jasse considère à la fois les archives comme une encyclopédie d’images à exploiter mais aussi comme des esquisses d’un nouveau récit à proposer au corpus d’images originales qu’il utilise.

L’artiste se dit fasciné par les bâtiments, dépositaires d’une mémoire historique, et plus particulièrement par les relations qu’ils créent avec l’espace qui les entoure. Les couleurs utilisées dans son travail ne relèvent pas uniquement du seul choix esthétique mais doivent fonctionner comme une forme de « sortie de secours » pour les spectateurs, contraints de  regarder ailleurs et d’ainsi changer leur façon de voir la photographie. C’est dans cet objectif que Jasse introduit de nouveaux éléments qui n’étaient pas présents dans l’image originale ou encore, en modifiant la présentation des œuvres en les posant par exemple au sol.

Né en 1980 à Luanda, Délio Jasse vit et travaille actuellement à Milan. Dans son travail photographique, Délio Jasse entremêle souvent des images trouvées comportant des indices de vies antérieures (photos de passeport retrouvées, albums de famille) pour établir des liens entre la photographie – en particulier le concept d’image latente – et la mémoire. Jasse est également connu pour ses expériences avec les procédés d’impression photographique analogique, y compris le cyanotype, le platine et les premiers procédés d’impression tels que ‘Van Dyke Brown’, ainsi que pour avoir développé ses propres techniques d’impression. Les procédés analogiques que Jasse utilise confèrent à ses œuvres un caractère monotypique, subvertissant la reproductibilité du support photographique par l’intervention directe sur des supports non conventionnels, mais aussi par l’application d’une émulsion par touches gestuelles ou par notes chromatiques.

Parmi ses expositions récentes, citons l’exposition collective African Metropolis au MAXXI de Rome (2018), Recent Histories: New Photography from Africa au Walther Collection Project Space à New York, la sélection officielle de la 12e Biennale de Dakar (2016), la 56e Biennale de Venise (Pavillon angolais, 2015), Milan Expo (Pavillon angolais, 2015), la Fondation Calouste Gulbenkian, Portugal (2013) et les 9e rencontres photographiques de Bamako (2011). Il a été l’un des trois finalistes du Prix photo BES en 2014 et a remporté l’Iwalewa Art Award en 2015.

La participation de Délio Jasse à la biennale est soutenue pas For Arts Sake et la Casa degli Italiani de Lubumbashi.