Blackout Poetry
David Shongo (République Démocratique du Congo)
2019
Blackout Poetry propose une déconstruction de la relation de triangulation qu’entretiennent la chasse, l’économie et la colonisation, en réinterprétant des photographies ethnographiques prises aux Congo dans les années 30 par l’ethnographe d’art allemand Hans Himmelheber. David Shongo s’est réapproprié ces images aux relents coloniaux pour questionner les dynamiques socio-politiques actuelles en RDC.
Utilisant le procédé de blackout poetry, Shongo a apposé par photomontage des codes-barres, casque de réalité visuelle afro-futuriste, armes de guerre, circuits électriques, etc. sur les photographies d’Himmelheber afin d’en censurer le regard colonial tout en conservant la charge cachée de ces images. Ce photomontage est complété par une installation montrant la silhouette de l’ethnographe allemand réalisée avec une sélection de ses écrits. Le dispositif narratif est accompagné d’une projection de vidéos d’anciennes chansons de chasse du sud-est du Katanga enregistrées par le Père Léon Verbeek durant l’ère coloniale. Shongo établit avec ce corpus musical un parallèle avec l’incessant ballet de camions autour de mines surexploitées de la province, qui viennent y chercher leurs « proies » et repartent avec leur butin que constituent les minerais.
Informaticien de formation, David Shongo est un pianiste auteur-compositeur, artiste visuel et sonore de Lubumbashi, né en 1994. Souvent décliné par des performances musicales et des installations, sa pratique mélange musique, son, photographie et vidéo. David Shongo utilise des archives, des bruits, des sons et des images de son environnement pour créer des architectures sonores et visuelles interagissantes. Son langage musical se base sur l’ethnomusicologie du Congo avec une approche jazz et expérimentale. Il mène des recherches sur l’unification harmonique des musiques ethniques du Congo à partir des pulsations linguistiques et de la théorie « Roue Rythmique » du pianiste congolais Ray Lema. Son travail visuel s’articule autour de l’analyse psychologique de l’héritage colonial de son pays, les mutations socio-économiques liées à l’évolution technologique analogiquement à l’exploitation des richesses des sous-sols (coltan) du Congo.
David Shongo a livré un concert lors de la 5ème Biennale de Lubumbashi en 2017, exposé à l’université de Pennsylvanie dans le projet Trancend curaté par Cherie Rivers Ndaliko et Petna Ndaliko, à la Colonie de Paris dans le Cadre du projet ON-TRADE-OFF: The Unbearable Lightness sous la direction de Sammy Baloji, Maarten Vanden Eynde et Rosa Spaliviero, au Congo International Film Festival à Goma. Il est initiateur et directeur artistique du projet continu Mélodie Congolaise, qui a bénéficié d’un soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles en 2018.
La participation de David Shongo à la biennale est soutenue par le Rietberg Museum.