Jihan El-Tahri

Duality of Exile
Jihan El-Tahri (Egypte)
2017 et 2019

Diasporas FM (2017) est le fruit d’une réflexion de Jihan El-Tahri menée sur les multiples composantes qui ont façonné son identité. La carte du monde recouverte de gaze présentée dans l’installation, est ainsi traversée de fils rouges qui relient entre eux les 30 pays où elle a vécu. Autour de cette carte sont disposés des vinyles de la collection de son père, tandis que défilent sur deux écrans les vidéos de moments familiaux en Égypte illustrés par des archives, et d’une opérette de 1960 sur le panarabisme entrecoupée de photographies relatives au panafricanisme. Passeports et photos de famille complètent le dispositif, ainsi que trois radios diffusant des jingles de stations que son père recherchait partout où ils ont vécu pour écouter des nouvelles d’Égypte.

The Duality of Exile (2019) évoque l’étroite imbrication entre la sphère publique et la vie personnelle de Jihan El-Tahri à travers un ancien tampon d’imprimerie représentant une femme lisant de dos à laquelle elle s’est identifiée. Deux agrandissements recouverts de gaze de cette silhouette féminine sont accompagnés d’un verset d’un poème de Mahmoud Darwich et d’un extrait d’un texte d’Olu Oguibe ayant tous deux trait à l’exil. L’installation inclut des boîtes contenant d’autres tampons d’imprimerie, un soundscape reprenant une phrase (« I’m God now ») extraite d’une chanson de Nina Simone ainsi qu’une vidéo de 1969, année de bouleversements mondiaux qui ont eu un impact personnel sur Jihan El-Tahri.

Jihan El-Tahri est une écrivaine, réalisatrice et productrice de film de nationalité française et égyptienne. Elle est actuellement directrice de Dox Box, une association à but non lucratif qui a pour objectif de renforcer et de favoriser l’émergence d’une communauté de documentaristes dans le monde arabe. En 2017, elle a été invitée à rejoindre l’Académie des Arts et des Sciences du Cinéma (Les Oscars). Parallèlement, elle poursuit ses activités en tant que mentor sur le campus du documentaire à Berlin et au Ouaga Lab au Burkina Faso. Son travail se concentre sur l’histoire politique à travers des moments de solidarité, le panafricanisme, le processus de décolonisation et ses conséquences.

El-Tahri a débuté sa carrière en tant que correspondante de presse au Moyen-Orient. En 1990, elle a commencé à réaliser et à produire des documentaires pour la BBC, PBS, Arte et d’autres diffuseurs internationaux. Parmi ses documentaires primés, mentionnons Nasser, qui a fait partie de la sélection officielle du Festival international de Toronto, Behind the Rainbow, Cuba, une odyssée africaine, et La maison des Saoud qui fut nominé aux Emmy Awards. Ses écrits comprennent, en français, Les sept vies de Yasser Arafat et, en anglais, Israel and the Arabs, The 50 Years War.

Son travail en tant qu’artiste visuelle comprend des expositions et des conférences à Paris (Centre Pompidou), Londres (Tate Gallery), Berlin (HKW and IFA Gallery), Norvège (National Museum), Mexique (San Ildefonso), Mauritanie (Art Gallé), Pologne (MoMa), Senegal (Dak’Art 2018) aux côté d’artistes de renom dont John Akomfrah, Ai Weiwei, The Otolith Group et Kader Attia.

El-Thari est également engagée dans diverses associations ayant trait au cinéma africain. Elle a été trésorière de la Guilde des Cinéastes Africains de la Diaspora, conseillère du programme Africa First de Focus Feature et secrétaire régionale de la Fédération panafricaine du cinéma (FEPACI).

La participation de Jihan El-Thari à la biennale est soutenue par Mophradat.

https://jihaneltahri.com/