Dibwe
Justice Kasongo Dibwe (République Démocratique du Congo)
2019
Dibwe met en scène un village miniature construit à base d’argile, de plastique et de fils de fer, où sont dévoilés divers lieux reflétant la vie quotidienne. Des objets en lien avec la fonction de ces espaces sont en outre présents dans chacun d’entre eux. La cuisine est ainsi pourvue d’une marmite, d’un malaxeur et d’un mortier, l’église de tambours et d’une guitare, le champ de houes, haches et machettes, les salles de sport de ballons et d’appareils de musculation, tandis qu’une table, un crayon, un carnet ainsi qu’une marionnette en train de réaliser un dessin, sont placés dans l’école. Dans ces différents lieux sont disposées 26 marionnettes qui reliées par un axe de trois mètres, s’activent toutes en même temps par un système de levier qu’actionne Justice Kasongo Dibwe pour les faire vaquer aux occupations propres à leurs espaces respectifs. A travers ce dispositif, l’artiste souhaite notamment rappeler aux spectateurs l’importance d’exploiter leurs talents et de montrer et enseigner les cultures africaines. Dibwe peut également servir de support didactique aux enseignants pour stimuler la créativité des enfants dans l’apprentissage des verbes notamment, en les visualisant à travers les actions effectuées par les marionnettes. Enfin, le village miniature posé sur un chariot, peut être utilisé lors d’évènements.
Justice Kasongo Dibwe est né à Lubumbashi en 1976. Il est le cadet d’une famille de douze enfants dont les membres sont actuellement éparpillés loin de la ville de Lubumbashi. Il est à son tour père d’une fille. Ainsi roule le monde. Justice a appris les humanités pédagogiques avant de finir son graduat en Informatique et d’exercer comme enseignant en informatique et en anglais. Chemin faisant, Justice nourrissait toujours son ambition, sa détermination et sa vision de concrétiser son pressentiment d’ingéniosité dans un sens de résistance face la marche d’une société dans laquelle la proportionnelle est un peu excentrée.
Justice commence, en guise d’expérimentation, par construire des poupées marionnettes-singleton. Comme le résultat d’animation des marionnettes s’avérait concluant, Justice décida de consacrer une partie de ses revenus à l’achat de matériaux et d’outils afin d’élargir son champ de conception. Le fer rond, le fil de fer et de cuivre, différentes colles, le tissu, l’argile, la corde à ligne, la peinture et le plastic sont quelques uns des matériux faisant partie de son arsenal.
Ainsi est née la chaine cinématique de marionnettes que l’on peut nommer « Cinemarionnette » ou « CINEMAR » et qui affiche une animation répétitive et synchronisée de personnages et de scènes de la vie quotidienne. Pour l’instant, tout en fustigeant les limites des jouets importés, Justice prétend aborder l’histoire de la culture africaine même si certaines affiches sur sa scène séduisent les frontières de l’époque contemporaine. Justice sillonne les rues de la ville de Lubumbashi avec son chariot, échangeant la performance de ses marionnettes contre quelques monnaies et en espérant réaliser un jour une rencontre décisive. Il se voit octroyer suffisamment de moyens dans le futur pour étendre son installation, la motoriser automatiquement et la réaliser sur une grande étendue.
Justice insiste que son inspiration reste originale même si dans différents angles de vue son travail s’apparente aux pratiques de Kura, Kingelez, Motalatala, Nimi, Odon, Richard, Franc ainsi que d’Harald Thys & Jos De Gruyter qui ont exposé dans le pavillon Belge à la dernière Biennale de Venise.