La Noire de … d’Ousmane Sembene (Sénégal, 1966, 65 min.)
Inspirée d’une histoire vraie, La Noire de… est la dramatique histoire de Diouna Gomis, une jeune fille naïve, engagée pour la durée de leur « congé » par un couple de coopérants. Elle part pour la France pleine d’illusions. En réalité, elle n’y trouvera que le sort d’une bonne à tout faire et le mépris froid de ses patrons. Au fond de sa solitude, elle finira par prendre une décision extrême.
Originaire d’un village de Casamance, Sembene Ousmane fait partie des tirailleurs sénégalais mobilisés par l’armée coloniale française pendant la Seconde Guerre Mondiale. Arrivé clandestinement à Marseille en 1946, il y travaille comme maçon, puis docker. C’est à cette époque que le jeune homme engagé -il milite à la CGT- découvre le cinéma et la littérature. Devenu écrivain, il relate son expérience d’immigré dans Le Docker noir, son premier roman, publié en 1956.
Désireux de se faire entendre par le plus grand nombre, Ousmane Sembene, bientôt quadragénaire, choisit de s’exprimer à travers le cinéma. Après avoir consulté André Bazin et Georges Sadoul, il part étudier le 7e art à Moscou. En 1963, il signe son premier court métrage, Borom Sarret, qui décrit le quotidien d’un charretier à Dakar. Il passe au long trois ans plus tard avec La Noire de…, l’histoire d’une domestique noire maltraitée par ses patrons blancs. Couronné par le Prix Jean-Vigo, ce film est le tout premier long métrage produit et réalisé en Afrique noire.
S’il dépeint avec humour et sans concessions les rapports sociaux dans l’Afrique contemporaine (Le Mandat, 1968), Sembène Ousmane s’attache aussi à évoquer les pages les plus sombres de l’histoire de son continent: les conflits religieux au XVIIe siècle (Ceddo, 1977), ou les affrontements avec l’armée coloniale durant la guerre: Dieu du tonnerre en 1971, puis Le Camp de Thiaroye, Grand Prix du Jury à Venise en 1988, une oeuvre qui revient sur le massacre des tirailleurs sénégalais par des gradés français en 1945. Après Guelwaar (1991), Sembene, homme de combats, entame une trilogie baptisée L’Héroïsme au quotidien, portant notamment sur la condition des femmes en Afrique: il fait le portrait d’une mère célibataire dans Faat Kiné, le premier volet (2001), tandis que Moolaadé -l’un des films les plus remarqués au Festival de Cannes 2004- est une dénonciation de l’excision.
Catalogue : Cinémathèque Afrique
Interprètes : SENE Nar / MBISSINE DIOP Thérèze / JELINEK Anne-Marie / FONTAINE Robert
Genre : Adaptation littéraire
Catégorie : Long métrage
Producteur : DOMIREEV, Les Actualités françaises
Pays de production : Sénégal
2007, deuxième prix Africa in Motion (Edinburgh), Ecosse
1969, sélectionné à la première édition du Fespaco
1966, Tanit d’or aux JCC – Carthage (Tunis), Tunisie; Grand prix du Festival mondial des arts nègres (Dakar), Sénégal; Prix Jean
Vigo, France; sélectionné au Festival de Cannes, Semaine de la critique.