La femme sur le marché pirate à Lubumbashi
Sarah Mukadi Kadima (République Démocratique du Congo)
2019
La femme sur le marché pirate à Lubumbashi est une performance créée par Sarah Mukadi Kadima en réponse à des abus de pouvoir commis par les forces de l’ordre lushoises qui ont suscité son indignation. Dans un contexte économique précaire où beaucoup d’hommes sont au chômage, des veuves et des femmes sans-emploi s’improvisent vendeuses pour subvenir aux besoins de leur famille. Comme le nombre de places de vente sur les marchés sont insuffisantes, elles n’ont d’autre choix que de s’installer en dehors des espace prévus à cet effet, violant ainsi la loi. Sous couvert de maintien de l’ordre, des policiers ont l’habitude d’exiger d’elles une somme d’argent correspondant à la moitié de la valeur de leurs marchandises, faute de quoi, ils confisquent ces dernières ou les détruisent sur place. Les femmes ne se laissent pas toujours faire et font alors l’objet de violences policières. Sarah Mukadi Kadima a surpris ce type de scène à plusieurs reprises. A travers une performance qui mêle danse, musique et prises de paroles, l’artiste a voulu dénoncer ce mécanisme de corruption qui empêche des femmes pauvres d’avoir recours à l’économie informelle, au risque de voir leurs enfants qu’elles ne pourront plus scolariser, sombrer dans la délinquance.
Née en 1994 à Kolwezi et attirée par les mouvements Hip-Hop de ses ainées, Sarah Mukadi Kadima a fait de la danse un moyen de faire face à la vie. Elle intègre la compagnie Harlem2arts et fait ses premières apparitions en 2010 sur les scènes de Betamax et de l’Institut français de Lubumbashi. Elle joue des rôles importants dans des pièces comme Kidumu chorégraphique, mauvais soldat… En 2015, elle crée sa propre compagnie professionnelle de danse Munia. Elle participe également à divers ateliers de formation en danse Hip-Hop, contemporaine et traditionnelle.
Après sa première performance Franchir les barrières 1 produite par Picha lors de la Biennale de Lubumbashi en 2017 et présentée au festival Bya Ma Ngoma à Lubumbashi en 2018, elle travaille sur sa deuxième création Franchir les barrières 2 porte 1 pour laquelle elle a reçu une bourse de Yolé Africa et de l’université de Nottingham, pour présenter le Work and Progress de la performance sur deux lieu à Goma dans le compte du festival CIF. En avril 2019 elle a présenté pour la troisième fois sa performance Franchir les barrières 1 au festival international MEYABE à Kinshasa. Actuellement, elle travaille à la deuxième étape de création de Franchir les barrières 2 porte 1.