Epreuve d’allégorie
Babola
Ngwaki
Plaidoirie pour vendre le Congo
Sinzo Aanza (République Démocratique du Congo)
(2016-2019)
Epreuve d’allégorie (2017) interroge la valeur des diverses strates qui s’accumulent et se confrontent en un même espace, le quartier Kinsuka (Kinshasa) situé dans la zone des rapides du fleuve Congo, qui est à la fois une destination touristique, un lieu de pêche et d’extraction de grès rouge. Sinzo Aanza a voulu en saisir toutes les facettes en emmagasinant des photos qui alimentent sa réflexion sur l’illusion fondamentale sur laquelle repose le concept d’accumulation, dont la condition est la démultiplication. Babola (2018) est l’unique photo faite par Sinzo Aanza lors des élections présidentielles de 2018 et qui lui semblait la plus représentative du traitement de la question de la pauvreté dans un contexte électoral. Ngwaki (2016) est une série de photos d’une avenue kinoise prises depuis un bar où Aanza s’était rendu avec un ami aujourd’hui décédé. L’artère est habituellement peu fréquentée et de surcroît photographiée lors d’une journée « ville morte ». Aanza y a pris en photo chaque passant y circulant de l’aube à la tombée du soir, d’une obscurité à une autre, à l’image d’une trajectoire humaine dont l’important est ce qui se produit entre la naissance et la mort. Plaidoirie pour vendre le Congo (2019) est le texte d’une future pièce de théâtre d’Aanza portant sur la période de répression de manifestants qui réclamaient la tenue des élections présidentielles de 2018. Les quatre travaux participent d’une démarche quasi-intimiste de l’artiste kinois qui n’était plus revenu depuis 5 ans à Lubumbashi, et a souhaité montrer comment la tension politique et culturelle qu’entretient cette dernière avec Kinshasa, n’empêche néanmoins pas ces deux villes de s’interféconder.
Sinzo Aanza est un jeune auteur congolais dont la pratique se tourne progressivement vers le champ de l’art contemporain. Sa plume, à la fois poétique et irrévérente, questionnne la situation politique en République Démocratique du Congo, ainsi que l’image construite de ce pays qui «appartient aux investisseurs depuis toujours, étrangers de préférence». L’exploitation des ressources naturelles, la représentation des identités nationales et les dérives de celles-ci, ou encore la construction de l’image du Congo depuis l’époque coloniale sont des thèmes qui nourrissent aussi bien ses oeuvres visuelles que littéraires.
Son premier roman Généalogie d’une banalité (2015) aborde la richesse minière du Congo à travers un récit à la fois absurde et lucide. En 2017, Sinzo Aanza est en résidence au Centre d’art contemporain WIELS à Bruxelles, où il amorce l’installation Projet d’attentat contre l’image qui sera par la suite exposée à la Biennale de Lyon.
La participation de Sinzo Aanza à la biennale est soutenue par Gallery Imane Farès.